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Doctorat
Belgique
Place de l’élevage bovin dans l’économie rurale des Peuls du Nord Bénin
Titre : Place de l’élevage bovin dans l’économie rurale des Peuls du Nord Bénin
Cattle farming contribution to Fulani rural economy in northern Benin
Auteur : Chabi Toko, Roukayath
Université de soutenance : Université de Liège
Grade : Docteur en sciences agronomiques et ingénierie biologique 2016
Résumé
Les populations peules appartiennent à un groupe socio-culturel, majoritairement rencontré en
Afrique de l’Ouest, qui élève habituellement le bétail. Au Bénin, les Peuls se rencontrent en
majorité dans les deux départements du Nord-est du pays où ils mènent un mode de vie agropastoral. En dehors de l’élevage, ils cultivent les produits vivriers et des produits de rente
comme le coton. Cependant, ils détiennent la majorité du cheptel bovin du pays. C’est pour
comprendre à quel degré l’élevage bovin contribue à leur économie que la présente étude a été
initiée.
Pour atteindre les objectifs fixés par ce travail, un échantillon aléatoire stratifié a été constitué.
Il comprend 150 chefs de ménages peuls sélectionnés dans trois communes (Malanville,
Banikoara et Kalalé) des départements du Borgou et de l’Alibori. Les critères suivants ont été
pris en compte à savoir : la zone agro-écologique, la taille du cheptel bovin et l’importance de
la population peule. Une première série d’enquêtes a permis de caractériser leur élevage bovin
et leurs exploitations familiales. Parmi les 50 chefs de ménages de la commune de Kalalé (qui
a la plus importante communauté peule), 16 ont été choisis et c’est au sein de leurs ménages
que l’étude s’est poursuivie. Le critère de bonne production laitière a permis de sélectionner
lesdits ménages. Des enquêtes ont été menées au cours de deux années, aussi bien en saison
sèche qu’en saison des pluies pour décrire l’économie des ménages peuls.
Les résultats de l’étude ont révélé que la structure des troupeaux présente une forte proportion
de femelles (76%). Les troupeaux bovins dont la taille moyenne est de 66 animaux sont
constitués à 86% de bovins de race Borgou. Les troupeaux présentent de faibles performances
d’élevage caractérisées par un fort taux de mortalité des veaux (10%) et de faibles paramètres
de reproduction : taux de mise-bas et de fécondité à 64%. L’achat de fourrage en saison sèche,
qui concerne 17% des éleveurs, est une pratique rencontrée dans les zones agro-écologiques
qui enregistrent de faibles pluies. Les ménages peuls disposent de ménages de grande taille
leur permettant de disposer d’une main d’œuvre familiale suffisante pour mener aussi bien les
activités d’élevage que d’agriculture. La superficie totale disponible par ménage est de 10,5
ha essentiellement obtenus par héritage. Tous les ménages peuls cultivent des produits
vivriers dont la majorité (80%) est autoconsommée. Une partie non négligeable (45%) d’entre
eux cultivent en moyenne 3,3 ha de coton. Dans les exploitations familiales peules, le cheptel
est dominé par les bovins (52% de l’effectif) mais est aussi marqué par la présence des petits
ruminants et de la volaille. Ce cheptel bovin permet à la majorité (76%) des ménages peuls de
dégager un surplus commercialisable de lait. Mais le lait est géré de façon à privilégier la
consommation du ménage et à assurer la reproduction du troupeau. L’organisation autour du
lait fait intervenir les hommes et les femmes. Les bénéfices issus du lait et du fromage sont
distribués entre les femmes du ménage à divers niveaux. Bien que le taux de
commercialisation des bovins soit faible (7%), il contribue fortement (68%) aux revenus
monétaires du ménage en saison des pluies et représente la seconde source (27%) de revenus
en saison sèche. Les 20% de produits vivriers vendus le sont essentiellement en saison sèche
et contribuent ainsi à la majorité (64%) des sources de revenus. Cependant, avec l’installation
tardive des pluies et le retard dans le paiement des fonds coton, la majorité des revenus
monétaires des ménages peuls, en saison des pluies, provenaient du coton (64%) et des
produits vivriers (23%). L’implication grandissante des éleveurs de bovins Peuls du Nord du
Bénin sur le marché des produits vivriers et de rente conduira à deux types d’exploitations
Place de l’élevage bovin dans l’économie rurale des Peuls du Nord Bénin ix
avec des objectifs de production diamétralement opposés (celles qui privilégieront l’élevage et
les autres, l’agriculture). Les Peuls constituent un potentiel qui devrait bénéficier d’un soutien
plus important des autorités, car les aider à valoriser au mieux leurs ressources leur
permettraient d’assurer la disponibilité et l’accessibilité des produits vivriers et pastoraux et
ainsi d’insuffler un élan à la production agricole du pays.
Mots clés : Performances d’élevage ; Gestion du lait ; Peuls ; Revenus des ménages ; Exploitations familiales ; Transhumance ; Nord-Bénin
Page publiée le 6 décembre 2017